Au procès des participants à la conférence de Berlin

19 intellectuels encourent des peines sévères

dont la condamnation à mort

Sauvons-les!

 

Le “crime” d’avoir participé à une conférence à Berlin...

Pour avoir participé, les 7 et 8 avril 2000, à une conférence tenue à Berlin et organisée par un institut culturel allemand, Heinrich-Böll, sur le thème “L’Iran après les élections”, 19 intellectuels iraniens, réformistes pour la plupart, religieux et laïcs - dont six femmes - sont passibles à de lourdes peines allant jusqu’à la condamnation à mort. A cette conférence, ils ont exprimé des idées qu’ils ne cessent de défendre courageusement en Iran... sous la répression!

Or il s'avère que la liberté d’expression ou de conscience, valeurs considérées comme universelles, sont abhorrées par la “justice” de la République islamique d’Iran. C’est ainsi que dès leur retour au pays, deux de ces participants, Akbar Gandji et Youssefi Echkevari ont été arrêtés et maintenus en prison. Gandji a déclaré à la première séance de son procès qu’il a été battu et torturé, après avoir passé 108 jours en cellule individuelle parmi les prisonniers de droit commun. Il est actuellement hospitalisé à la suite d’une grève de la faim de plusieurs jours. Trois autres, Mehranguiz Kar, Chahla Lahidji et Ezatollah Sahabi, après avoir passé quelques semaines en prison, ont été libérés sous caution. D’autres, ont été laissés en liberté sous caution après avoir été entendus par le tribunal. Deux autres, Khalil Rostam-Khani et Saïd Sadr, ont été accusés d’”avoir participé à l’organisation de la conférence”,bien qu’ils ne sont pas allés à Berlin. Enfin, des mandats d’arrêt ont été lancés par le tribunal contre deux autres membres du groupe, Kazème Kardavani et Tchanguiz Pahlavan, retenus à l’étranger pour leurs engagements universitaires. Mais tous devaient comparaître devant le tribunal révolutionnaire islamique.

Accusations allant de“l’atteinte à la sécurité” au ...“Mohareb”

Au procès qui se tient depuis le 9 novembre à Téhéran, des accusations inimaginables sont portées à l’encontre de ces intellectuels. Certaines d’entre elles sont passibles de la peine de mort: “participation à une conférence attentatoire à la sécurité du pays”; “collaboration avec les ennemis de la République islamique en vue de renverser le régime”; “participation à une réunion organisée par les verts allemands, agents du sionisme”; “diffamations envers les autorités”; “propos anti-islamiques”; “Mohareb” (combattant contre Dieu) (cette dernière charge est retenue contre Khalil Rostam-Khani, Saïd Sadr et Youssefi Echkévari); “Corruption sur terre” et “atteinte au prestige du clergé” (autres charges contre Youssefi Echkévari qui est jugé séparément par la Cour spéciale du clergé).

19 accusés... écrivains, poète, journalistes, universitaires...

Qui sont ces femmes et hommes, accusés pour la participation à la conférence de Berlin?

1. Mehranguiz Kar:: juriste, écrivain, défenseur des réformes pour les droits des femmes, membre de l’association des écrivains iraniens (A.E.I.).

2. Chahla Lahidji: éditrice, défenseur des réformes pour des droits des femmes, membre de l’A.E.I.

3. Monirou Ravanipour: romancière, membre de l’A.E.I.

4. Khadidjé Moghaddam: militante écologiste.

5. Chahla Cherkat: directrice du magazine Zanan, défenseur des réformes pour les droits des femmes.

6. Djamilé Kadivar: députée réformatrice.

7. Hassan Youssefi Echkévari: théologien réformateur, chercheur.

8. Ezatollah Sahabi: militant politique de longue date, directeur du magazine Irané farda (l’Iran de demain).

9. Akbar Gandji: journaliste, éditorialiste, essayiste, réformiste islamique.

10. Hamid Réza Djalaï-Pour: journaliste, réformiste islamique.

11. Ali Afchari: réformiste islamique, dirigeant d’une association d’étudiant.

12. Ali Réza Alavitabar: journaliste, professeur d’université, rénovateur islamique.

13. Khalil Rostam-Khani: journaliste à Daily News, et Iran Echo, directeur d’un centre de traduction.

14. Saïd Sadr: ancien dirigeant de la Confédération des étudiants iraniens (CISNU).

15. Mahmoud Dolat-Abadi: Ecrivain, membre de la direction de l’A.E.I.

16. Mohammad Ali Sépanlou: Poète, chercheur, membre de la direction de l’A.E.I..

17. Fariborze Raïs-Dana: Chercheur, économiste, professeur d’université, membre de la direction de l’A.E.I., membre du Comité pour la défense des droits des victimes des assassinats en série (en Iran).

18. Kazém Kardavani: essayiste, professeur d’université, membre de la direction de l’A.E.I., membre du Comité pour la défense des droits des victimes des assassinats en série.

19. Tchanguiz Pahlavan: sociologue, professeur d’université, membre l’A.E.I.

Un procès politique pour l’exemple...

Chacun sait que ce n’est pas la participation à la conférence de Berlin qui est mise au banc des accusés en République islamique d’Iran. A travers ces graves réquisitions, on veut faire le procès, pour l’exemple, de la liberté d’expression et de conscience. On cherche éperdument à endiguer le mouvement populaire en faveur de l’instauration des libertés et de la démocratie en Iran.

Or aujourd’hui, à la pointe de ce combat, se trouvent des journalistes, intellectuels, étudiants, opposants politiques - religieux ou laïcs - défenseurs des droits de l’homme, militantes des droits de la femme, avocats etc...Ce mouvement ne cesse de s’accroître et de se développer malgré la fermeture d’une trentaine de journaux et périodiques, l’arrestation des dizaines de journalistes, l’incarcération des militants du mouvement étudiant, l’interdiction aux avocats des droits de l’homme d’exercer leur métier... malgré l’attaque des groupes paramilitaires, les hezbollahs, contre les manifestations pacifiques, réunions et séminaires... Il est très significatif que ce procès politique se tienne alors que deux ans après la vague des assassinats en série des écrivains et d’opposants politiques et un an après l’assaut sanguinaire lancé contre le campus universitaire de Téhéran, les véritables instigateurs et commanditaires de ces actes criminels ne sont toujours pas arrêtés.

Appel de la Coordination pour la défense des accusés iraniens...

Afin de sensibiliser et de mobiliser les forces démocratiques en France, de faire pression sur les autorités de la République islamique d’Iran pour qu’elles mettent un terme à leur parodie de justice, un comité de coordination est crée, le 12 novembre 2000, à Paris, avec le soutien des diverses mouvances d’opposition et la participation des personnalités de diverses tendances et des associations démocratiques (iraniennes) en France.

La Coordination pour la défense des accusés iraniens...

appelle les organisations humanitaires et de droits de l’homme, les associations et forces démocratiques en France, ainsi que les partis politiques, le parlement et le gouvernement français, à condamner vigoureusement le procès politique qui se tient actuellement à Téhéran, à demander la libération des intellectuels emprisonnés et à empêcher que l’irréparable se produise: Hassan Youssefi Echkévari, Khalil Rostam-Khani et Saïd Sadr sont accusés d’être des “combattants contre Dieu” et d’avoir “agi contre la sécurité d’Etat”. Ils risquent le peine de mort. sauvons-les!…

demande à la communauté internationale, à l’Organisation des Nations unies et notamment à l’Union européenne dont la présidence est française, de faire pression par tous les moyens sur les autorités iraniennes pour que des observateurs des droits de l’homme et des avocats étrangers puissent se rendre en Iran et assister au procès.

Organise en France et en Europe, en collaboration avec d’autres comités, une campagne d’information de l’opinion publique sur les dangers qu’encourent les 19 intellectuels iraniens et le véritable enjeu de ce procès inique. Il mènera des actions de protestation pour obtenir l’abandon des charges et la libération de ceux parmi eux qui sont toujours en prison.

 

Coordination pour la défense des accusés iraniens

de la conférence de Berlin (CDAI)

19 novembre 2000

 

Adresse :

BP. 15

77421 Marne-la-Vallée-Cedex 2

Fax : 0164611730

E-mail : cdai@free.fr

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